jeudi 24 juillet 2014

Atelier d'écriture avec Jacques Lindecker : Gabrielle

Gabrielle
Je me souviens du jour où Lucie et moi avons couru comme des folles,
en riant dans les jardins fleuris. L'air sentait la rose et le lilas. Nous
sommes passées près du petit étang. Et de ses poissons exotiques aux
milliers de couleurs comme l'arc-en-ciel. Cette folie nous était venue si
rapidement ! Juste comme une simple joie d'enfant, naïve et imprévue.
On ne pouvait plus s’arrêter de rire tantôt de honte tantôt de pitié ! On
pleurait de rire en se tenant les côtes. Nous nous sommes assises sur un
banc de pierre blanc cendré, pour reprendre notre souffle. Nous avons
épousseté nos robes de soie légère, de velours soyeux et de mousseline
pourpre. Nous avions poussé un soupir de fatigue, car nous avions mal
aux pieds. Lucie était rouge de honte, presque écarlate. Ce n'était pas de
notre faute si nous avions cassé mon portrait de porcelaine légère et
fine ! J'avais passé deux mois à poser pour un peintre irlandais, au
regard charmeur et indécis, peu sûr de lui. Il m'avait peinte le regard
fier et insolent, ma bouche comme prête à dire leur vérité aux gens.
Mais je n'aimais pas les portraits : pourquoi se laisser peindre pendant
des heures alors que les gens sont en face de vous ? Quel intérêt ?
C'était le préféré de maman, et tous les ans elle ordonnait à un peintre
de faire mon portrait. Lucie l'avait poussé avec le coude en voulant
ramasser son chapeau. Elle avait en vain tenté de le rattraper. Nous
nous sommes prises dans les bras en riant !
Charlotte HOLST

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire