mercredi 25 novembre 2015

De Cape et de mots / Flore Vesco


Nous connaissons tous "Le Petit Prince", sa poésie intemporelle. J'ai découvert qu'il existe un : 

Le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse récompense depuis 1987
les œuvres littéraires destinées à la jeunesse qui portent les valeurs
de l’oeuvre de Saint-Exupéry et le sens de sa vie :

• L’audace, celle des premiers vols de nuit
• Le courage de surmonter les obstacles et la volonté de survie
• La solidarité en cultivant la fraternité
• La sagesse : discerner et dépasser les dimensions trop matérielles

 Cette année le livre de Flore Vesco "De Cape et de mots" a été récompensé par ce prix. 
Serine, l'héroïne, est porteuse de ces valeurs (sauf la sagesse peut-être ou alors à l'insu de son plein gré). C'est une "fantômette" à la cour ! Une cour imaginaire, mais d'époque ! Elle a le caractère bien trempée, refuse de se marier et part à la cour pour sauver sa famille de petite noblesse provinciale (le père vient de mourir) à la cour pour être demoiselle. Mais très vite elle se rend compte que les falbalas ce n'est pas son truc et malgré toute la bonne volonté qu'elle y est, elle doit faire face à la mesquinerie de la concurrence entre demoiselles pour être la favorite. Et cela face à une reine plus que tyrannique. 




Son intelligence lui fera déjouer un complot visant le roi, son audace lui fera prendre des initiatives impulsives mais payantes, jamais le courage ne lui manquera, elle deviendra solidaire avec les plus humbles du palais et s'en sortira avec brio.
Elle est piquante, drôle, inventive, nous fait vivre des aventures à 100 à l'heure. 
Et l'auteur manie la plume avec inventivité. 
Un moment de lecture revigorant et original (à partir de 11 ans)
Et elle n'est pas orpheline. Bon, son papa meurt de maladie au début. C'est triste mais le début de ses aventures. 
Car, il y a de quoi poser des questions : trois livres "jeunesse" sur ma table de chevet et trois héros "orphelins" :
- La Chanson du nez cassé / Arne Svingen : un adolescent qui n'a jamais connu son père
- Le Ciel nous appartient / Katherine Rundell : une enfant grandit après avoir perdu sa mère dans un naufrage, elle est recueillie par un solitaire dont le coeur ne demande qu'à donner de l'amour
- La Malédiction Grimm / Polly Shulman : une adolescente qui a perdu sa mère et vit dans une famille recomposée.

Je me frotte les moustaches, ça grésille, mais je ne trouve pas la réponse. Faut-il systématiquement "éliminer" un parent pour que le héros se réalise ?

La p'tite souris





mercredi 18 novembre 2015

Rencontre avec Isabelle Bonameau

 
Affiche de "Maud et Pierre à toute vitesse", dédicacée par Isabelle et visible à la médiathèque


Isabelle Bonameau, auteure-illustratrice présente à Bédéciné, nous fait l'honneur de faire un petit tour à  la médiathèque de Guebwiller, le 12 novembre. 

Moi, j'ai craqué : la cool attitude belge, une petite voix de souris très gentille, une écoute très attentive des enfants, look "j'affiche les couleurs que j'aime". 

Je me suis cachée derrière un pilier et j'ai tendu mes oreilles de souris. 

Elle a tout d'abord rencontré la classe de CP de Gaëlle Ott, école Storck. Aux réponses que fait Isabelle (oui la familiarité arrive très vite avec ses auteurs jeunesse tant ils nous mettent à l'aise), nous apprenons qu'elle n'a plus peur des monstres aujourd'hui, mais quand elle était petite oui, bien sûr son imagination lui faisait voir des monstres là où il n'y en avait pas. Elle aime toutes les couleurs SAUF le marron et le vert sapin.Et elle aime un grand nombre d'animaux surtout les cochons. D'ailleurs ses derniers héros Maud et Pierre sont des petits cochons. 
Elle leur fait une lecture délicieuse (elle connaît son sujet) de son album "Moussa" et leur explique que Gloupic, le nom du monstre est un nom-valise. Il dévore tout et dans son nom il y a : lou, pic (serpent), goupil, et glou. 
Et ni une, ni deux, elle demande aux enfants de "créér" leur propre monstre, fait de plusieurs monstres, un monstre-valise en somme et de lui donner un nom créé de la même façon. Les élèves se lancent dans ce travail créatif avec zèle. On sent qu'ils ont une maîtresse qui les entraînent souvent dans le monde de l'imaginaire. Ils ont même fabriqué un livre à la manière de "Roger Poussin" (un autre album d'Isabelle), qui est exposé à  la médiathèque. Isabelle leur dessine un monstre sur la couverture sans même réfléchir et les enfants le baptisent Flamich. Un rapport avec notre Flammekueche ? 

Ce fut riche. Même pas un verre d'eau plus tard, notre auteur, sobre comme un chameau, reçoit les CE de M. Seidl, école Storck. Ben dis donc, ils aiment les livres dans cette école !
Et ça démarre fort :
- avez-vous peur de perdre votre métier ? (la concurrence du livre numérique lui fait peur)
- comment faites-vous vos livres ? (c'est mon imaginaire qui fait le travail. J'enregistre le texte sur un dictaphone, ça doit sonner)
- pourquoi vous aimez votre métier (c'est des CE ne l'oublions pas) ? (pour la réflexion, la création)
- vous gagnez de l'argent (oups, déjà pragmatiques !) ? (je gagne ma vie, mais pas des sacs et des briques, on apprend une expression belge en passant. Et j'ai le bonheur de rencontrer les enfants)
- c'est dur comme métier ? (on travaille seule, alors il faut se forcer pour ne pas se laisser distraire par autre chose)
Et nous apprenons toutes sortes de choses passionnantes : elle prend ses congés en même temps que son mari informaticien (le côté people nous intéresse aussi), son chef est son éditeur, cela fait 21 ans qu'elle exerce ce métier (ça conserve, elle est fraîche comme une rose... fraîche), elle a 18 livres à son actif, elle fait partie de deux groupes de rock. Mais surtout nous allons sur le site de l'Ecole des loisirs et écoutons la chanson créé spécialement pour la sortie de "Maud et Pierre à toute vitesse", son petit dernier, et c'est elle qui chante. 
Elle dessine Maud et Pierre sur une feuille format "raisin", avec Bert le ver de terre (j'ai eu le coup de foudre, mais bon une souris et un ver de terre faut-il y croire ?) et une coccinelle. Les enfants doivent reproduire la scène sur leur feuille, imaginer ce que les personnages se disent et la suite de l'histoire. Isabelle a aimé "leurs" Maud et Pierre. 

C'était super-chouette, il n'y a pas d'autre expression.... 
J'espère qu'elle reviendra... avec Bert surtout. 

Cette rencontre a eu lieu le 12 novembre. Que les grandes souris sachent faire la part des choses. Tout cela se passait dans le monde de l'imaginaire où les monstres sont à apprivoiser et deviennent sympathiques.

mercredi 21 octobre 2015

Mentine / Jo Witek


 

 
En me promenant entre les rayonnages, je me suis gratté les moustaches et eurêka une idée m'est venue ! Je me disais qu'il y a des échanges, bien sûr, à la médiathèque sur les livres et autres, mais par quel moyen les développer, multiplier les échanges des lecteurs d'un livre entre eux. Guebwiller, ville du Bleu, hopla : des petits coins bleus dans les livres comme des pochettes où chacun pourrait déposer son avis sur un tzetala, ticket de course ou autre. La vie quoi.

Une petite étape supplémentaire dans notre circuit du document : découper les coins, les coller. Zou, c'est assez vite fait. Et flop, je regarde désespérément mes coins bleus : vide, si ce n'est les avis du même usager boulimique de nos nouveautés. Mais guère de partage. Il faut du temps pour qu'une idée prenne. 

Et oh surprise, un avis de maman sur Mentine (allez savoir pourquoi, mais nos livres "ados" sont surtout lus.... par les adultes !) un livre que j'affectionne. Et comme je partage son avis, je vous le livre :

" En tant que mère de trois enfants qui sont déjà adultes, j'ai trouvé ce livre génial, plein d'humour, de sentiment, de conseil sur l'éducation, de réflexion. Belle vue sur l'esprit de partage et l'éducation".
Merci Mme M.C.M. !
Jo Witek serait heureuse et vous le serez car le tome 2 est commandé. 

Deux mots sur l'histoire : Mentine adore dépasser les limites, surtout celles de ses parents ! Et la punition tombe : un été dans le Larzac, la nature, privée de réseau ! comment s'en sortira-t-elle ?
Jo Witek a l'art de coller à la réalité familiale, parents, jeunes pourront s'y reconnaître.

Alors n'hésitez pas : remplissez nos coins bleus de vos avis. Et s'il n'y en a pas, il est permis de mettre un post-it !

mercredi 7 octobre 2015

Jang et les livres interdits

 Jang et les livres interdits / Yi Yeong-seo ; ill. Kim Dong-seong - Bayard
 

  Je suis allée faire un tour en Corée au XIXème siècle. La couverture est des plus séduisante, rouge "passion", titre doré en relief. C'est futile les souris : attirées par le packaging ! Le petit garçon tenant son pinceau de calligraphe, concentré dans son geste sous le regard bienveillant d'un lettré coréen dans ses plus beaux atours : toute une magie qui fait vibrer mes moustaches. C'est très subjectif, mais j'espère vous donner envie de lire ce livre si le sujet vous intéresse bien sûr. 

Ce petit garçon, Jang,  se retrouve orphelin, après l'arrestation de son père, un copiste réputé rallié à la religion catholique (prônant l'égalité des hommes devant Dieu, alors que la Corée vivait dans un système de caste). Les catholiques étaient persécutés à cette époque en Corée.

Le libraire Chae le recueille. Jang, au fur et à mesure de ses livraisons, fait des connaissances qui le mèneront lui aussi vers le chemin de la copie. L'imprimerie existait déjà certes, mais la calligraphie était considérée comme un art. De plus, les livres qui répandaient la religion catholique, étaient distribués clandestinement et copiés de même. 

Vous allez vous dire : ouh là, c'est triste et compliqué ! Non, non, n'hésitez pas. Jang est très attachant. Même si le sujet peut sembler pointu, le lecteur (nous) rentre très bien dans cette histoire grâce à une écriture fluide, des annotations en bas de page sur les caractéristiques de la société dépeinte. Et grâce aux magnifiques illustrations de l'auteur qui font de ce livre un bijou. 
Bref tout est réuni : le fonds et la forme. 
 
Oui cela s'adresse à un public jeunesse : pas de scènes de torture, rassurez-vous. Mais aussi à un public plus large, cherchant dépaysement et instruction dans la plus grande finesse. 


 La souris enrhubée, nez bouché, grippée, 38 de fièvre mais 50° de passion pour ce livre.

jeudi 24 septembre 2015

Mon été mortel / Jack Gantos

 
 
 L'été a été mortellement chaud, j'ai eu le poil grillé mais heureusement un bon livre m'est tombé sous les moustaches. Pour me faciliter la tâche je vous livre le résumé : 

Été 1962. Jack a douze ans, les grandes vacances commencent et, suite à un malencontreux accident, le garçon est privé de sorties. Le voilà contraint de lire des livres sur les civilisations disparues et de creuser pour son père un abri antiatomique dans le jardin. Il a cependant le droit d'aider une adorable vieille voisine à rédiger pour le journal local la rubrique nécrologique. Les huit dernières habitantes originelles de la ville tombent en effet comme des mouches, à tel point que ç'en devient louche ...
S'ensuivent pour Jack tout un tas de mésaventures hilarantes mettant en scène son père, chasseur et fan d'aviation, une dame d'un certain âge ayant à coeur de transmettre l'histoire méconnue des États-Unis, l'emmerdeur du village qui est son amoureux transi, un fossoyeur prêt à enterrer la ville avec ses habitants, et une bande de Hells Angels sanguinaires ...
 
Il faut dire que ce roman a obtenu le prix du meilleur roman jeunesse américain en 2012, et je trouve qu'il le mérite.
Il nous plonge dans les années  60 aux Etats-Unis. Les points de vue sont originaux, car je pense que nous avons souvent des préjugés en ce qui concerne ce vaste pays. 
Tout est savoureux dans ce livre, y compris les chroniques nécrologiques écrites de main d'arthritique par l'infirmière en chef du village (une utopie communautaire qui s'effiloche) qui tient debout car elle a promis à Eleanor Roosevelt, fondatrice du village, de veiller sur ses habitants, jusqu'au "dernier". 
Il faut déjà avoir quelques connaissances de "grandes personnes" pour apprécier ce roman (aux éditions Les Grandes personnes justement). Il s'adresse vraiment à tous à partir de 13 ans. Et j'en profite pour vanter TOUS les livres de cet éditeur et les conseiller aux adultes. 
Adultes un peu déprimés, ruez-vous sur cet "Eté mortel", vous aurez à nouveau la pêche !

jeudi 13 août 2015

Là où naissent les nuages/ Annelise Heurtier





 Il s'agit de la Mongolie.... Regardons par là-bas, au cas où il nous viendrait une douce pluie du ciel.... Il n'y a même plus une petite flaque pour me nettoyer les papattes.

Nous découvrons ce pays grâce à Amélia, fille choyée d'un milieu bourgeois, dotée de parents parfaits, trop parfaits pour elle. Elle compense ce qu'elle pense être de l'ordre de la médiocrité dans des crises de boulimie. Et fait au passage un peu de spasmophilie.

L’arrivée d’une lettre venant de Mongolie va changer sa vie à jamais. . On propose à sa mère une mission humanitaire cet été à Oulan-Bator, endroit qu’elle connait bien pour s’y être rendue des années auparavant. Trop prise par son travail à Paris, son mari pense y aller avec Amélia. Son père aussi (chirurgien) finalement ne peut partir. Amélia ira seule.

Amélia découvre avec stupeur un univers à mille lieux du sien : les jeunes enfants livrés à eux-même dans les rues, la misère, la violence, les maladies… Sans ménagement, les autres bénévoles de l’association plongent la jeune fille dans un monde d’une férocité implacable.La Mongolie en pleine transition économique avec tous les ravages que cela implique.

Amélia va grandir au contact de ces enfants des rues et de leurs conditions de vie. Les gâteaux et autres friandises ne lui font plus du tout envie, elle se remplit désormais de la générosité et du courage des enfants et des membres de l’association. Amélia se sent enfin utile. Ses parents ne sont pas là. Elle ne peut compter que sur elle. Prendre des décisions. Aiguiser son regard sur le monde. Prendre de la distance.

Par hasard on lui montre a  photo d'un homme portant un bijou qu'elle connaît bien : le même que celui de sa mère. Et elle jette un autre regard sur cette femme aux accès de mélancolie. Sur sa conception aussi. 
Cette histoire poignante et tendre d'une adolescente qui remplit son vide intérieur par l'altruisme est aussi un livre engagé qui se questionne sur les fondements des missions humanitaires.






jeudi 30 juillet 2015

Des Jeux vidéos à la médiathèque

Du 4 au 28 août, le matin de 10 à 12 h, du mardi au vendredi, à partir de 8 ans (environ, cela peut être un peu moins, si les parents accompagnent), le public jeunesse pourra jouer à la Wii U. 

Une charte d'utilisation est à signer par les parents pour les mineurs. L'inscription ou la réservation se fait en section jeunesse et la durée d'utilisation est limitée.  

Les jeux suivants sont disponibles :
  • Mariokart 8 : 3 ans
  • The legend of Zelda : 7 ans
  • SuperMario3D World : 3 ans
  • Nintendo Land : 7 ans
  • Donkey Kong Country : 3 ans
  • Wii Sports Club : 7 ans
     



    Les bibliothécaires se préparent à jouer aussi ! avec les câbles, les branchements, les pannes de batterie et autres joyeusetés. Mais que ne ferait-on pas pour son public ! Et pour une fois les enfants nous apprendront bien des choses ! ce qu'ils font tous les jours par ailleurs. Mais là, ils détiennent le SAVOIR, enfin bon, un certain savoir-faire et une dextérité, ne perdons pas notre dignité. C'est juste le chignon qui va s'électriser un peu !

mercredi 15 juillet 2015

L'Eté des bouquins solidaires

L'été des bouquins solidaires - du 18/06/2015 au 15/08/2015
Cet été, les éditions Rue du monde renouvellent leur action « L’été des bouquins solidaires ». Les bénéfices des ventes de trois albums seront utilisés pour financier partiellement l’édition d’un livre tiré à 50 000 exemplaires qui sera distribué à 50 000 enfants réunis fin août sous la tour Eiffel par le Secours populaire lors de sa traditionnelle « Journée des oubliés des vacances ».
Les trois albums concernés (achetés par la médiathèque) sont :

  • Les deux perroquets et la liberté
  • Ah ! quelle soupe, les amis !
  • Plus haut que le ciel.

    Un autocollant (voir vignette à gauche) les signalera en librairie.

    Informations complémentaires

    Organisation :
    Rue du Monde
    Secours populaire français
    Libraires participants
    - - https://www.secourspopulaire.fr

  • jeudi 2 juillet 2015

    SHANOE / Lorris Murail

    Shanoé / Lorris Murail
    Scrineo





    Louise n’est pas une petite fille comme les autres, EHS, électro hypersensible,  sa condition la rend allergique à toutes les ondes électromagnétiques (plus de porbable, par exemple, un enfer pour beaucoup d'entre nous !).  Louise est condamnée à vivre loin de toute la modernité de notre époque. Pour préserver sa santé et lui permettre de vivre une vie normale, son père Stan, agent littéraire, et sa mère peintre, décident de partir et d’acheter une propriété à la campagne où les ondes ne passent pas.Dès le départ, on se demande pourquoi...
    Louise semble revivre mais le passé violent de ce château resurgit et elle devient comme le médium d'âmes tourmentées, notamment, celle de Shanoé, une gitane, considérée comme sorcière.

    La thématique de la maladie de Louise m'intéressait. Je ne pensais pas tomber sur un livre fantastique et même d'épouvante, ce qui n'est pas particulièrement ma tasse de thé. Mais question frissons, j'ai été comblée. J'en ai encore une moustache gelée malgré la chaleur. Et une pupille dilatée de ce que j'ai lu !

    J'avoue que les scènes d'épouvante dans les caves du château sont bien écrites et on se laisse prendre. Mais franchement âmes sensibles s'abstenir. Je ne conseillerai pas ce livre avant 14 ans. 
    J'ai trouvé les parents moyennement présents face aux évènements surnaturels que vit leur fille. Heureusement, elle a Gronk, son ours en peluche !

    Mais c'est un très bon livre pour les amateurs de fantastique bien écrit !

    jeudi 18 juin 2015

    HORS-PISTE / Maylys de Kerangal ; Tom Haugomat

     HORS-PISTE / Maylys de  Kerangal ; Tom Haugomat
    Editions Thierry Magnier (Les Décadrés)

     

    J'ai sauté sur ce livre (malgré ma petite taille) pour le rapporter sur les rayonnages de la section jeunesse. J'avoue que le concept m'a séduite et que je suis une fan de Maylis de Kerangal ("Réparer les vivants" est un chef-d'oeuvre !). Il m'arrive aussi de faire un tour sur les rayonnages adultes. Ils se demandent d'ailleurs d'où viennent les trous....

    Le résumé :
    La montagne. Une promesse que Bruce m’avait faite le jour de mes sept ans-ou plutôt serment crypté, vaguement inquiétant, d’aller chercher « la montagne en soi ». Après quoi Bruce avait disparu à l’autre bout du monde. Et puis soudain, il y a deux jours, au retour du collège, il était là, attablé dans la cuisine, avec mon oncle. Il a levé sur moi un œil brillant. Tu es prêt?

    L'originalité de l'album vient du concept de la collection.
    En effet les éditions Thierry Magnier s’associent à la galerie Jeanne Robillard autour de cette collection. Les illustrations sont d'abord confiées à un(e) illustrateur(trice) et ensuite seulement à l'auteur qui invente l'histoire à partir des illustrations. Les vieilles souris comme moi à qui les formateurs ont toujours parlé du rapport texte-image ont de quoi être surprises ! Mais là, la réussite est stupéfiante : quand on fait travailler deux grands ensemble, même séparément, la connexion se fait !
    En fin d'ouvrage, les portes de l'atelier de l'illustrateur s'ouvrent pour nous dévoiler ses secrets  et nous entraîner dans un jeu de questions-réponses. Et là aussi c'est une bonne surprise : souvent béats d'admiration devant l'art de l'illustration, les questions sur la technique restent sans réponses. 

    L'histoire est forte, dans un style littéraire soutenu. Ces deux hommes de générations bien éloignées (un adulte, un adolescent) vont se lier d'amitié après avoir vécu une aventure "in-extremis". L'adulte tombe dans une crevasse. L'adolescent va aux bout de ses forces pour chercher du secours. Cette amitié, née de l'aventure, leur donnera envie de... repartir. Dans les montagnes rocheuses du Colorado cette fois. 

    Les illustrations, en trois tons seulement, très dépouillées, ont la force de nous évoquer le vertige de la montagne, la pureté de la glace, la fragilité de l'homme face à la nature.

    Un album splendide, mais pour les plus grands. A mettre assurément à côté des romans de Maylis de Kerangal !
     

    mardi 9 juin 2015

    Le Tigre de Baiming

    Le Tigre de Baiming / Pascal Vatinel
    Actes Sud (Ado)





    Un jeune villageois pauvre, Baiming, découvre une femelle tigre ainsi que ses petits, lors d'une chasse aux papillons dans la jungle. Royalement, ce félin (mes moustaches en frémissent), lui laisse la vie sauve. L'instinct animal, sans doute ? Il a dû percevoir les grandes qualités d'âme du jeune garçon et son amour de la nature. 
    Baiming court prévenir son amie le Docteur Song, vétérinaire. Car le tigre  est un "trésor national" en Chine et en voie d'extinction (hum hum, on les compte sur les griffes d'une patte...). 

    Il se fait cependant devancer par son oncle mafieux qui n'a que faire de considérations écologiques et ne cherche qu'à tirer tout le profit possible de cette famille de tigres. Car bien que "protégés", et même vénérés par les Chinois, tout est bon dans le tigre pour eux, des oreilles aux pattes, que ce soit pour entrer dans la composition de médicaments censés conférer la "puissance" du tigre ou pour faire carpette dans leur salon. Nous parlons là des Chinois TRES riches et très peu scrupuleux. Il y a des méchants partout...
    Et pour aller plus loin dans l'ignominie encore, cet oncle, dans un accès d'hystérie rageuse apprend à Baiming la réalité sur sa naissance et le décès de sa mère. 
    Sous le choc, Baiming s'enfuit dans la jungle en pleine nuit.
    S'ensuit une course poursuite entre le docteur Song, secondée par un policier intègre et son équipe, et les mafiosis de l'oncle Ling, pour retrouver Baiming, mort ou vif, suivant le camp. 

    Même en tant que souris, j'ai serré les pattes pour qu'un des membres de cette famille tigre au moins s'en sorte. Et que Baiming renoue confiance avec les adultes. 
    Le message écologique de ce roman est très fort, révoltant. Un complément documentaire à la fin du roman nous laisse entrevoir une situation hélas désespérée pour un animal d'une beauté époustouflante.
    Pascal Vatinel est sinologue (spécialiste de la Chine et non des singes). Je sais même écrire l'idéogramme du tigre après la lecture de ce roman haletant, comme on dit.

    Je conseillerais ce roman à partir de 12 ans (il y a quand même une scène, glups, j'en frémis encore) et jusqu'à.... y a pas d'âge.


    mardi 2 juin 2015

    Les Jumeaux de l'Ile rouge

     LES JUMEAUX DE L'ILE ROUGE / Brigitte Peskine
    chez Bayard (Millezime) 

    Partons à MADAGASCAR

    Je vous livre le résumé de Takam Tikou (La revue des livres pour enfants et jeunes : Afrique-Monde arabe-Caraïbe-Océan Indien : autant dire que l'on voyage....)car je ne saurais faire mieux pour exprimer toute la richesse du livre (y compris pour adultes)
    Dans ce roman épistolaire habilement construit, Brigitte Peskine met en relief la complexité de la question de l’adoption soulevée, ici, à travers le phénomène poignant du déracinement. Les jumeaux Cléa et Brice, deux enfants malgaches, ont été adoptés par un couple de Français peu après leur naissance. Si Brice, devenu adolescent, poursuit son parcours serein, Cléa, au contraire, inquiète ses parents. L’idée d’un voyage à Madagascar se concrétise rapidement : les adolescents seront hébergés par Josépha, la marraine de Cléa. La quête d’identité qui commence alors est relativement classique, mais les directions différentes prises par les deux enfants, les rencontres qu’ils font, les réactions des parents compréhensifs qui laissent le champ libre aux projets parfois étonnants de leurs enfants adoptifs, permettent de déployer une série de remises en question individuelles et donnent du relief à chaque personnage. Le roman décrit par ailleurs la façon dont sont généralement perçus et accueillis les jumeaux qui naissent à Mananjary, petite commune de l’île de Madagascar au bord de l’océan Indien, dans une région où se mêlent modernité, coutumes et croyances irrationnelles. Brigitte Peskine a réussi à construire une histoire à la fois très sensible, troublante et surprenante.

    Le résumé sera également affiché en section jeunesse. 
    La couverture est superbe et exprime déjà tant de choses. C'était une de mes lectures préférées de ces derniers mois.

    jeudi 21 mai 2015

    Papa tatoué

     Papa tatoué / Daniel Nesquens ; ill. Sergio Mora
    Editions Cambourakis



     Nous avons eu la visite d'une souris angélique portant le doux nom d'Emilie. Elle a craqué pour un
     un livre extravagant au bon sens du terme (oh comme je la comprends !)! 

    Un jeune garçon, le narrateur, est pétri d’admiration devant les aventures rocambolesques inventées par son père en lien ou non avec les tatouages (qui a dit que les tatouages sont laids ? cet album prouve le contraire) qui le couvrent de la tête aux pieds.
     L’album comprend dix chapitres qui reprennent les histoires du père. 
    Les illustrations qui épousent l’histoire sont magnifiques . Le délire des histoires est traduit par une imagerie qui emprunte celle du cirque, et celle populaire, naïve, d’Amérique du Sud. La mort, les diablotins, les araignées avec de gros yeux, les animaux dentus, des flammes, tout a sa place dans des coloris rutilants, des rouges, des verts, des jaunes qui claquent. Aussi folles soient ces histoires, elles parlent le langage de la tendresse, comme une façon de poursuivre le lien père et fils, époux et épouse. On sort de cette lecture, attendris, amusés et impressionnés par l’exubérance de la narration comme de l’illustration.

    Tout comme l'on sort de la fréquentation de cette souris peu commune à la joie de vivre communicative. 
    Hommage à Emilie ! 

    mercredi 18 mars 2015

    Le Livre brûlé / Françoise Grard

    Le Livre brûlé tome 1 : Le cri de l'arbre / Francoise Grard -Gulf Stream Editeur



    Couverture mauve et bronze (eh oui l'emballage ça compte aussi....), deux mots que j'aime dans le titre :  LIVRE et ARBRE. Je vais le grignoti grignota. 

    Et je me retrouvas... les moustaches à l'envers un peu crâmées. 

    Je me suis fait des frayeurs Stephen King (THE King of the thriller) à la française... c'est-à-dire dans le Morvan. Pour une souris, c'est nature, cela me convient. 
    Une nature avec un  arbre qui porte l'empreinte d'un visage qui crie ou des animaux qui ont un comportement télépathique et protecteur à l'égard de Chris, un adolescent amoureux de ce Morvan, "son pays d'adoption". Il adore se promener sans fin dans les forêts et au cours d'une de ses ballades passe une berline noire dont le passager jette un sac. Et notre jeune héros le ramasse bien sûr, ce sac. Il y trouve un livre étrange qui le brûle lorsqu'il tente de l'ouvrir. A partir de ce moment, le voilà embarqué dans une enquête où passé et présent se mêlent et qui le mènera vers des évènements liés à la seconde guerre mondiale et à un guide culturel à l'abbaye de Vézelay (visite d'un crypte avec suintements surnaturels s'impose...) qui s'avère être le fils de l'auteur du livre. Et boum !
    Chris parfois prend peur, on le comprend. Pourquoi lui ? Il semble être devenu malgré lui la clé qui ouvre la boîte à secrets des familles. De la sienne peut-être ?

    Autant dire qu'après mon passage chez le défriseur à moustaches, j'attends avec impatience le tome 2 car l'auteur nous laisse pantois d'interrogations. 

    Pour moi, qui suis une peureuse de première et me carapacte dans mon trou de souris à la vue du moindre chat, j'avoue que ce livre est l'illustration même qu'un bon dosage de surnaturel, juste ce qu'il faut, de suspens qui fait bien frissonner, nous aide à regarder le chat en face. Ce n'est pas le King qui va me contredire.


    Lorsque les secrets du passé ravivent les brûlures de la mémoire : bouh !

    jeudi 26 février 2015

    Bibliographie sur le loup

     Peur du loup ? Cliquez sur :
     
    Livres et dvd sur le loup

    et vous trouverez des loups fort sympathiques en section jeunesse.
    Bizarre, bizarre, Frida ou Paco se serait transformé en loup ?
    Pas de panique.
    Le loup revient et tant mieux pour nous fasciner encore et toujours....

    mercredi 7 janvier 2015

    Le Livre de Perle / Thimotée de Fombelle

    Pour commencer mes lectures de l'année, je suis tombée sur une perle, pas une petite dent de lait, non.... sur LE LIVRE DE PERLE / Thimothée de Fombelle (Gallimard).


    Lorsqu''un" Fombelle" sort on essaie de ne pas le rater, car comme le dit la critique, "c'est un des auteurs pour la jeunesse les plus talentueux".
    Et boum ! je me suis à nouveau retrouvée en Féérie (cf.  mon dernier article ici ) et j'ai encore une fois eu la preuve que les fées sont des êtres qui vont au bout des choses.
    Comme Galymède ("Galymède, fée blanche, ombre de Thym" / Maëlle Fierpied - Ecole des Loisirs), Olia devient l'ombre d'Ilian  pour le protéger. Elle a renoncé à sa nature de fée (et donc à l'immortalité) par amour pour lui. Elle le suit dans NOTRE monde dans lequel Ilian atterrit un peu avant la seconde guerre mondiale. Il devient Joshua Perle. Là j'active mes moustaches de souris en guise de GPS, car il est possible de se perdre dans ce roman à tiroirs ou plutôt à valises. Il faut vous attendre à partir pour un monde étrange et poétique, à vous sentir un peu perdu comme Joshua l'est dans notre monde, traqué par les sbires de son propre frère, un roi tyran, qui a fait de son royaume un pays de cendre (il faut dire que lui aussi est amoureux d'Olia, ça se corse), de l'autre côté, en Féérie. Ca suit toujours ?
    En atterrissant chez nous, Ilian est recueilli par un couple de commerçants, les Perle, qui tiennent une boutique de guimauve. Il devient leur fils, Joshua, part à la guerre, en revient, reprend la boutique et ensuite n'a de cesse de recueillir des PREUVES de l'existence de son monde originel (une écaille de sirène, etc...), précieusement conservées dans des valises. Et pourquoi je vous le demande ? L'amour toujours l'amour... Retrouver sa bien-aimée au pays....Et retrouver le pays aussi.
    Joshua vieillit, s'exile pour échapper à ceux qui le traque. Caché dans une cabane au fonds des bois, il rencontre un jeune homme arrivé là par accident. Ce garçon deviendra le narrateur de l'histoire de Joshua-Ilian et Olia.
    Il faut reprendre ses esprits pour pouvoir un tant soit peu démêler les fils de cette histoire. Car si l'impression que laisse ce livre est celui de descendre d'un nuage de guimauve, c'est un sortilège et gardez-vous en bien car la violence, le sang, la quête de l'amour, l'exil, la solitude sont enveloppés d'un papier poudré comme les guimauves des Perle.
    A déguster donc....
    Et en exergue du livre, l'auteur tient à nous rappeler :
    "Chaque fois que quelqu'un dit : "Je ne crois pas aux contes de fées", il y a une petite fée quelque part raide morte." Et c'est de.... ? J.M. Barrie, dans "Peter Pan". A relire ou lire si ce n'est jamais fait. Ou à revoir en film. J'ai une tendresse particulière pour : "Hook ou la revanche du Capitaine Crochet", avec Robin Williams, qui nous a quitté en 2014.

    Mes lectures m'ont ramenée vers "le pays imaginaire" et je peux démarrer 2015 sereinement : je ne me sens pas responsable de la chute "raide morte",  quelque part..., d'une fée.



    J'en profite aussi pour vous renvoyer au blog de mes collègues "Frida et Paco" (par là) car "Cette année sera consacrée à la littérature et à la lecture, surtout au plaisir de partager ses lectures. On débute par une collaboration avec l'association Lire et faire lire qui initie un programme de développement du plaisir de la lecture et de la solidarité intergénérationnelle en direction des enfants fréquentant les écoles primaires et autres structures éducatives telles que les médiathèques." Un appel est fait aux aînés qui souhaitent transmettre leur goût pour la lecture. Une armée de souris n'est pas de trop !